Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/420

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cinq paroles matérielles que le roi des Scythes envoya à Darius fils d’Hystaspe ; les pavots que Tarquin le Superbe abattit avec sa baguette devant le messager de son fils ; les rébus de Picardie employés, au moyen âge, dans le nord de la France. Enfin les anciens Écossais (selon Boëce), les Mexicains et autres peuples indigènes de l’Amérique écrivaient en hiéroglyphes, comme les Chinois le font encore aujourd’hui.

1. Après avoir détruit cette grave erreur, nous reviendrons aux trois langues distinguées par les Égyptiens ; et pour parler d’abord de la première, nous remarquerons qu’Homère, dans cinq passages, fait mention d’une langue plus ancienne que la sienne, qui est l’héroïque ; il l’appelle langue des dieux. D’abord dans l’Iliade : Les dieux, dit-il, appellent ce géant Briarée, les hommes Égéon ; plus loin, en parlant d’un oiseau, son nom est Chalcis chez les dieux, Cymindis chez les hommes ; et au sujet du fleuve de Troie, les dieux l’appellent Xanthe, et les hommes Scamandre. Dans l’Odyssée, il y a deux passages analogues : Ce que les hommes appellent Charybde et Scylla, les dieux rappellent les Rochers errants ; l’herbe qui doit prémunir Ulysse contre les enchantements de Circé est inconnue aux hommes, les dieux rappellent moly.

Chez les Latins, Varron s’occupa de la langue divine ; et les trente mille dieux dont il rassembla les noms, devaient former un riche vocabulaire[1], au moyen duquel les nations du Latium pouvaient expri-

  1. La plupart des langues ont à peu près trente mille mots. Si l’on peut ajouter foi aux calculs de Héron dans son ouvrage sur la langue anglaise, l’espagnol en aurait trente mille, le français trente-deux mille, l’italien trente-cinq mille, l’anglais trente-sept mille. (N. du Trad.)