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§ III.


De l’origine du cens et du trésor public (ærarium, chez les Romains).


Dans les anciennes républiques, le cens consistait en une redevance que les plébéiens payaient aux nobles pour les terres qu’ils tenaient d’eux. Ainsi le cens des Romains, dont on rapporte l’établissement à Servius Tullius, fut dans le principe une institution aristocratique.

Les plébéiens avaient encore à supporter les usures intolérables des nobles, et les usurpations fréquentes qu’ils faisaient de leurs champs ; au point que, si l’on en croit les plaintes de Philippe, tribun du peuple, deux mille nobles finirent par posséder toutes les terres qui auraient dû être divisées entre trois cent mille citoyens. Environ quarante ans après l’expulsion de Tarquin-le-Superbe, la noblesse, rassurée par sa mort, commença à faire sentir sa tyrannie au pauvre peuple, et le sénat paraît avoir ordonné alors que les plébéiens paieraient au trésor public le cens qu’auparavant ils payaient à chacun des nobles, afin que le trésor pût fournir à leurs dépenses dans la guerre. Depuis cette époque, nous voyons le cens reparaître dans l’histoire romaine. Tite-Live prétend que les nobles dédaignaient de présider au cens ; il n’a pas compris qu’ils repoussaient cette institution. Ce

    mitié : Pâris fut hôte d’Hélène, Thésée d’Ariane, Jason de Médée, Énée de Didon ; ces enlèvements, ces trahisons étaient des actions héroïques. (Vico.)