Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/184

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elles une influence politique ; tandis que les empereurs saxons, personnellement obligés de s’occuper des affaires du Nord, saisissaient, dans l’intérêt de leur famille, toutes les occasions d’élever de nouvelles forteresses, de fonder de nouveaux établissements dans le pays des Slaves. Henri-l’Oiseleur et Othon-le-Grand, tous deux politiques profonds et grands guerriers, ont détruit l’indépendance de plusieurs peuplades ; ils forcèrent même les Slaves à recevoir le christianisme. Cette religion se propageait lentement chez eux parce qu’elle y arrivait avec les Allemands, parce qu’elle apportait une organisation hostile, mortelle même pour leur nationalité.

Le christianisme, pour ces peuples, n’était pas autre chose que le germanisme et l’esclavage. Les princes, les woïwodes, les différents chefs, sachant très bien que leur puissance n’avait pas de base solide dans la nation, se faisaient souvent baptiser pour avoir la protection de l’Église et pour trouver des alliés dans le reste de l’Europe ; mais le peuple ne voulait pas entendre parler du christianisme : souvent il massacrait ses chefs convertis. Ces malheureux princes se trouvaient ainsi placés entre la civilisation envahissante, la force irrésistible.du christianisme d’un côté, et la barbarie opiniâtre et incorrigible de l’autre.

A chaque pas de cette histoire on rencontre deux chefs en concurrence, l’un païen, l’autre chrétien, qui se font une guerre acharnée toutes les fois qu’ils n’ont pas à combattre les Allemands. Au commencement du xie siècle, un des plus grands chefs des Obo-