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de toute espèce qu’il faisait aux chefs et au peuple, il parvint à convertir ce pays. Ce fut ainsi qu’une partie de la Poméranie resta à la Pologne.

Le dernier refuge du paganisme fut l’île de Rügen, l’ancienne capitale du roi Kruk. Ce roi avait fait bâtir dans cette île, à Swiatowid, un magnifique temple. Il y avait rassemblé toutes les idoles qu’il avait pu trouver dans les pays slaves, et en avait même fait venir de l’Allemagne. Plus tard, l’île de Rügen fut attaquée et prise par les Danois. Cette conquête mit fin à l’existence indépendante de ce peuple wélète qui formait une partie des Slaves appartenant à la grande famille polono-bohème.

Si nous continuons à suivre l’ordre chronologique, nous nous transporterons maintenant chez les Slaves orientaux pour y examiner le monument le plus remarquable de l’époque où nous sommes parvenus ; je veux parler du poëme d’lgor.

Ce poëme du xiie siècle, dont l’auteur est inconnu, fut découvert, en 1795, par le comte Mussin-Pushkin dans une collection de manuscrits achetés après la mort d’un archimandrite de Kiowie. Il paraît que d’abord le comte n’en comprit pas la valeur, car il ne le publia qu’en 1800. Quelques années plus tard, l’amiral Szyszkow le traduisit en langue vulgaire, et chercha à y intéresser le public, qui s’en occupait fort peu. L’authenticité du poëme n’a été contestée par personne, et ses premiers commentateurs n’en ont pas plus senti l’importance et la beauté que celui même qui l’avait découvert.

Aujourd’hui, la question d’authenticité serait im-