Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/211

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prouvé. Anciennement c’était un génie. Il apparaît dans la poésie slave et survienne sous ce caractère.

Avec ce monument unique, que nous avons nommé le poëme d’Igor, finit l’histoire poétique russe du moyen âge.

Les pressentiments sinistres du malheureux avenir réservé aux Russes, redouté par Nestor et par notre poëte d’Igor, ne tardèrent pas à se réaliser : les Mongols arrivèrent, envahirent la Russie, étouffèrent toute indépendance, toute civilisation, toute poésie.

Nous passerons maintenant de l’autre côté des Karpathes ; nous jetterons un coup d’œil sur la littérature des Bulgares, et sur celle des Serbiens.

Les pays compris par les Romains sous le nom général d’Illyrie et de Mœsie, ont été de tout temps peuplés par les Slaves. Les invasions des barbares les refoulaient souvent vers les montagnes, effaçaient dans les vallées les traces mêmes de leur nom ; mais quoique mêlés avec les étrangers, et opprimés par eux, ils ont réussi plus d’une fois à secouer le joug. Ainsi qu’entre les années 637 et 640, les Horvates ont détruit leurs oppresseurs, les Avares ; et les Serbes sont parvenus à une grande puissance après la chute des Bulgares.

Les Bulgares, peuple nomade, sont venus d’au-delà du Don, au IVe siècle ; ils firent la conquête de la Moldavie, de la Valachie et de la Transylvanie ; ils établirent un empire sur le Danube, où, fondus avec les Slaves, ils devinrent menaçants pour l’empire d’Orient. Au ixe siècle, ils assiégèrent Constantinople. L’empereur Basile, surnommé le tueur des Bulgares,