Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peuples de la plaine qui, dans leur dialecte, reproduisent les mêmes strophes, en changeant seulement quelques paroles. Dans les pays de plaine, la grande poésie se rétrécit ; on chante moins souvent les rapsodies héroïques : on préfère la poésie de fables et de petits fabliaux, des histoires de brigands, de fantômes et de spectres.

Ce fut dans le commencement de ce siècle que ces poésies attirèrent pour la première fois l’attention des étrangers ; un Serbien, M. Wouk Stefanowitch Karadzitch les à recueillies et publiées. M. Wouk raconte avec beaucoup de naïveté les peines qu’il s’est données pour réunir ces poésies, les mendiants ne voulant pas chanter devant un homme qui avait les manières étrangères. En général, ceux de ces mendiants qui ont une belle voix négligent la poésie, ils aiment mieux faire briller leur talent en répétant quelques strophes qui prêtent à la musique. Mais les chanteurs les plus admirables sont ceux qui récitent seulement les vers en s’accompagnant sur la guzla, instrument peu harmonieux qui n’a qu’une seule corde. Ils chantent ces vers en manière de récitatif en s’accompagnant. Le plus souvent, ils ne chantent que les passages où sont exprimées les passions les plus fortes, et racontent les événements les plus importants.

M. Wouk dit que dans ses courses sur les montagnes il rencontra un certain vieillard qui connaissait presque toutes les chansons de son pays et qui lui dicta la plus grande partie de son recueil. Cet homme vénérable était un marchand ambu-