Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/27

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bileté à devenir riches et puissants. Ils devancèrent, sous ce rapport, les économistes modernes ; ils protégeaient l’industrie et le commerce. Lorsqu’ils prenaient une ville d’assaut, ils en massacraient tous les habitants, à l’exception des ouvriers, comme n’appartenant à aucune nation. Ils créèrent aussi le service des courriers et des postes : les postes de Gen-Gis-Khan s’étendaient de la Chine à la Pologne. Il voulut établir un système uniforme de mesures et de monnaies ; selon un historien anglais, il avait déjà eu l’idée des lettres de change et des billets de banque. Tout ce qui a rapport au commerce était très bien compris par lui ; son œuvre fut la réalisation la plus compléte du système matérialiste conçu par une haute capacité instinctive et servi par une grande puissance de moyens. Si maintenant on demande pourquoi et dans quel but les expéditions des Mongols étaient entreprises, il me serait difficile de répondre. Les chefs n’attachaient aucun prix à la richesse tout en la recherchant ; ils n’avaient d’autre but que la destruction. Dans le conseil d’un de ces chefs, il fut un moment · question de massacrer tous les Persans et de changer tout leur pays en pâturages libres ; il fallut les plus grands efforts pour empêcher l’exécution de ce projet. Ce chef se croyait destiné humilier et à détruire le monde ; cette terrible croyance, la descendance de Gen-Gis-Khan ne l’a pas encore abandonnée. On voit quels dangers courut l’humanité en présence des innombrables armées des Tartares. Il est un préjugé historique qui ne soutient pas l’examen ; on prétend que ces armées étaient faciles à repousser.