gneux. Les Montenegrins racontent que Dieu, créant le monde, ayant apporté des pierres dans un sac pour former des montagnes, parcourait la terre ; le sac s’étant détaché lorsqu’il arriva à Montenegro, toutes les pierres y tombèrent. C’est ainsi qu’ils expliquent la configuration géologique de leur pays. On n’en connaît pas beaucoup l’étendue ; aucun géographe n’y a pénétré. On croit cependant qu’il a plus de cinquante lieues carrées ; on est encore moins d’accord touchant le nombre de ses habitants. Dans quelques statistiques, on lui donne seulement 50 000 âmes, tandis que les voyageurs l’élèvent jusqu’à 100 000. Montenegro compte 20 000 fusils, c’est-à-dire 20 000 guerriers. Ge petit pays a résisté aux Turcs, aux Autrichiens, et même dernièrement à la conquête des Français. Il a toujours maintenu son indépendance, grâce à la localité et à la valeur de ses habitants. Son histoire est d’un grand intérêt pour les Slaves ; le tableau de son état social est la représentation la plus parfaite de la société slave. Ce pays offre l’image du règne absolu de la liberté ; de la liberté et de l’égalité.
Les Montenegrins ne reconnaissent en général aucune supériorité sociale, ni de naissance, ni de richesse ; ils n’acceptent même pas la supériorité hiérarchique ; c’est une nation sans aucune espèce de gouvernement. Les quatre districts sont habités par vingt-quatre tribus ou familles ; dans chaque famille il y a un chef héréditaire, mais qui n’exerce aucune influence gouvernementale. Il y existe aussi un porte- drapeau héréditaire, dont le devoir est d’aller à la