Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/61

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ception en faveur des chants populaires, parce que, suivant son opinion, ces chants ont été composés dans des dialectes corrompus par des mots turcs et allemands. D’après ce système, toute la littérature slave se renfermerait dans cinq ou six livres imprimés, dans le Rituel et l’Évangile. Mais un tel système n’a jamais pu prévaloir ; nos philologues et nos antiquaires eux-mêmes se sont fortement élevés contre les partisans exclusifs de la langue sacrée. Je pense que la grammaire slavonne, œuvre très utile en soi, servira de base à la grammaire générale du peuple slave ; mais par elle-même, la langue slavonne n’a aucune importance ; elle est, d’ailleurs, très pauvre en monuments littéraires proprement dits. Quant aux littératures des Polonais, des Russes et des Bohêmes, elles ont exercé tour à tour une certaine influence ; mais aucune d’elles n’est jamais parvenue à soumettre l’indépendance des littératures rivales. Le bohême a plutôt modifié la forme que le fond de la langue polonaise. Le polonais, au XVIIe siècle, dominait dans la Russie méridionale. Mais ces trois littératures ont un principe d’indépendance qu’elles ont toujours réussi à maintenir. Comme il est impossible de prévoir l’avenir qui leur est réservé, bornons nos études au passé, et, laissant pour le moment de côté toute autre question de nationalité, dirigeons-les sur ce qu’il y a de plus général, de plus vaste dans notre sujet, c’est-à-dire sur la race slave.

D’abord nous chercherons à saisir ses caractères physiques, ce qui la distingue des autres tribus avec lesquelles on l’a trop souvent confondue.