Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/78

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Slaves, parce que l’esclavage suppose chez le maître la conviction de sa supériorité morale. Vous savez que chez les Indous les esclaves constituent une caste à part, et que chez les nations modernes il existe un esclavage, celui des nègres, le plus difficile de tous à abolir, car les nègres sont séparés des Européens par une infériorité vraie ou supposée.

Les Slaves traitaient avec douceur leurs prisonniers de guerre ; ils leur permettaient de se racheter, ou leur accordaient après quelque temps tous les droits de citoyens, ou pour mieux dire d’habitants de village.

Maintenant que nous savons ce qui manquait à la religion de ces peuples, nous devons avoir une idée de leur société, société si originale d’ailleurs, et qui ne ressemble en rien aux clans des Celtes, aux vastes empires des idolâtres Orientaux, aux castes des Indous, aux monarchies des peuples de l’Occident.

C’est en effet une société toute a part, et pour laquelle nous ne trouvons même pas de nom. Le germe, le principe de cette société, ce n’est pas une ville comme chez les Grecs et les Romains, ce n’est pas une cité, un château, un temple, c’est un village. Le village, tel est le type primitif de la société slave, espèce de réunion, de commune, de camp agricole.

Les colonies slaves s’établissaient toujours dans les lieux favorables à l’agriculture ; elles se plaçaient aux bords des rivières, dans les vallées, au milieu des bois, jamais sur les montagnes ; ce n’est qu’au XIIe siècle qu’à l’imitation des Allemands, les Slaves commencèrent à habiter les lieux élevés.