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COMÉDIE INFERNALE.

tendons au dernier combat. La scène s’ouvre par un morceau descriptif. Le poëte nous place sur la scène; il nous trace le théâtre des événements; il nous fait voir le paysage. Ce paysage magnifique ne pourrait pas être reproduit dans la peinture telle que nous la connaissons; il est plus mélancolique que ceux de Ruysdal et plus sombre que ceux de Salvator Rosa. Nous voyons des plaines immenses couvertes de brouillards, entourées de rochers, lesquels, autrefois, dans les temps antédiluviens, avaient dû servir de refuge aux hommes, et avaient bordé les mers, devenues les continents. Le poëte se rappelle naturellement l’ancienne tradition du déluge, avant de décrire cette autre inondation populaire, le déluge politique.

Le soleil se lève, sépare le brouillard et fait voir des flots de têtes noires; et, plus tard, nous voyons des flots d’acier qui inondent les champs. L’armée s’ébranle et serre de près les rochers, derniers refuges des représentants du monde ancien; et sur ces rochers flotte un étendard, le seul et dernier étendard de la croix levé sur le globe. Le paysage est lugubre, magnifique, plein de terreur. Dans le château, nous retrouvons des hommes du peuple qui ont juré de partager le sort de leurs seigneurs; le Comte