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M. Gaston Moch[1] dit à ce propos :

« Du moment que deus hommes de pays diférents veulent comuniquer entre eus, il faut bien que l’un d’eus emploie la langue de l’autre ou que tous deus en emploient une troizième qui leur soit également conue ; de toute façon, un de ces homes, au moins, doit savoir une langue autre que cèle qu’il a aprize au berceau et qu’il parle à ses compatriotes. Dès lors, quoi d’étonant à ce que l’on sonje à convenir qu’une seule et même langue sera uzitée dans tous les raports internacionaus ? N’est-il pas à prévoir, au contraire, que la choze ira de soi, du jour où l’on aura reconu quel est l’instrument le plus propre à remplir cet office ? Il en sera de la langue come des poids et mezures : la plus pratique, c’est-à-dire cèle qui, répondant à tous les bezoins, sera la plus facile à aprendre et à manier, s’impozera, come achève de le faire le sistème métrique. »

Ici se place une observacion des plus importantes.

Les adversaires de la langue internacionale ne sont souvent tels que pour s’être mépris sur le but poursuivi. Ils confondent langue universèle et langue internacionale, La première est une utopie. Il serait absurde d’espérer que les peuples abandoneront jamais leurs langues nacionales pour un idiome universel, quelque parfait et quelque simple qu’on le supoze.

Il en va tout autrement de la langue internacionale, qui veut, non pas remplacer les langues nacionales, mais leur servir de comun auxiliaire, et être, si je puis ainsi dire, la langue seconde de tous les civilizés.

II

Une fois constaté le bezoin d’une langue internacionale et démontrée sa nécessité, il s’ajit de savoir quèle sera cète langue et quèles en devront être les qualités.

Demandons-nous d’abord s’il ne serait pas possible de prendre come langue seconde une des langues existantes. Et parmi ces langues, choizirons-nous une langue vivante ou une langue morte ?

La première de ces solucions, cèle qui consiste à choizir parmi les langues vivantes la langue auxiliaire internacionale, a été soutenue avec ardeur et talent au Congrès des langues de 1900[2], et depuis, elle a trouvé en un filologue éminent, M. Michel Bréal, de l’Institut, un chaleureus défenseur.

Cète solucion est séduizante au premier abord (je me permets de rapeler que je l’ai moi-même soutenue dans la Revue

  1. Revue des Revues du 15 mars 1897.
  2. Mémoire de M. Chappelier.