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Page:Mieille — Conférence sur la Langue Internacionale « L’Espéranto », 1902.pdf/15

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eus, le latin ayant déjà joué au moyen àje le rôle de langue internacionale pourrait aujourd’hui encore aspirer à redevenir l’intermédiaire, le truchement de nos civilizations modernes. Les uns veulent tout simplement ressusciter le bas latin de la scolastique, les autres prétendent s’en tenir au latin classique en le modernizant par l’acsession du nouveau vocabulaire que les progrès de la science, de l’industrie et du commerce ont introduit dans nos langues actuèles.

Mais une même objecsion peut être faite à ces deus latins. L’un et l’autre, bas latin et latin classique modernizé, sont trop dificiles à acquérir ; leur étude ne convient qu’à une élite, plus restreinte encore que cèle dont nous parlions tout à l’heure à propos du français et de l’anglais. Or, la langue internacionale ne peut exister qu’à une seule condition : être d’aquizition facile en un minimum de temps.

On aura beau cuiziner le latin, on aura beau le modernizer, sa sintaxe et sa construcsion n’en resteront pas moins antipatiques, si je puis m’exprimer ainsi, à l’esprit moderne. Toutes les langues modernes évoluent vers la simplificacion. Comment serait-il possible d’évoluer en sens inverse et d’en revenir à des dézinences, quand peu à peu, toutes les langues sorties du latin perdent les leurs ?

« Comment ne voit-on pas, dit M. L. de Beaufront[1] que pour refaire du latin une langue vivante, il faudrait lojiquement remètre la société au point où èle en était quand cète langue lui servait d’organe ? Qu’on le veuille ou non, l’humanité a marché, s’est modifiée, depuis le temps où le latin a cessé d’être parlé ; et c’est justement cète marche et ce chanjement qui l’ont fait passer à l’état de langue morte. »

III

La langue internacionale ne pouvant être ni une des langues civilizées actuêles ni une langue morte, ne va-t-il pas de soi que cete langue devra être artificièle ?

Quèles devront donc être les qualités de cète langue artificièle, pour répondre aus bezoins du monde civilizé et ateindre son idéal qui est sans contredit exprimé dans les deus condicions suivantes :

1o La langue internacionale devra être d’aquizicion promte et facile ;

2o Elle doit être parlable et scriptible et être capable d’exprimer toutes les nocions de la civilizacion.

  1. M. Louis de Beaufront a été en France le premier et plus infatigable propagateur de l’Espéranto. La librairie Hachette publie ses admirables manuels sur cette langue.