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à votre dispozicion le plus riche vocabulaire qui soit au monde et vous pouvez créer ou inventer autant de néolojismes qu’il vous plaira, sans cesser d’être intéligible, si vous frapez vos mots au bon coin espérantiste, c’est-à-dire conformément à la signification des afixes conus.

Voici, à titre d’exemple, quelques-uns des afixes les plus employés :

Mal, indique le contraire ; bona, bon ; malbona, mauvais ; felica, heureus ; malfelica, malheureus.

In, indique le féminin ; patro, père ; patrino, mère ; frato, frère ; fratino, sœur.

Ist, indique la profession : pordo, porte ; pordisto, concierge ; milito, guerre ; militisto, militaire, soldat.

Ig, signifie rendre, faire ; pura, pur, propre ; purigi, nettoyer ; morti, mourir ; mortigi, tuer…

Ar, marque la réunion : arbo, arbre ; arbaro, forêt…

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Je ne voudrais pas abuzer de votre bienveillante atencion, Mesdemoizèles, mais il me semble que je ne vous aurais pas renseigné sufizament sur l’Espéranto, si je ne vous disais un mot de sa prononciacion et de son ortografe.

Ah ! la prononciacion, nous dit on, c’est là que l’on vous attend ! Et l’on nous fait aussitôt cète objecsion : « Chaque peuple prononcera nécessairement l’Espéranto à sa façon, d’où impossibilité de s’entendre pour les adeptes de langues diférentes. »

Vous alez jujer de la valeur de cète objecsion.

L’Espéranto a compozé son alfabet de vingt-huit lètres qui, toutes, se prononcent avec le son qui leur est atribué dans l’alfabet. L’Espéranto ayant une ortografe rigoureuzement fonétique, chaque lètre répond indubitablement à un son déterminé et à ce son uniquement. Donc, pas de méprizes cauzées par une ortograle irrégulière et fantaiziste.

Puis, l’Espéranto ayant éliminé les sons trop spéciaus à certains peuples, pas de dificultés de prononciation come cèles qu’impozent aux étrangers le Ch alemand ou les sons nazaus français.

Enfin, l’Espéranto a soigneusement évité l’écueil qui consiste à doner à un son deus nuances ou deus durées. Par exemple, en anglais, si vous donez au son ee dans sheep (mouton), la même durée qu’au son i dans ship (navire), vous faites rire et n’êtes pas compris.