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AVERTISSEMENT SUR CETTE QUATRIÈME ÉDITION.


Il existait en France deux volumineux ouvrages dans lesquels les matières de la sainte Bible étaient classées par ordre alphabétique. Le premier avait pour auteur Richard Simon[1], originaire du Dauphiné, et curé de Saint-Uze (ancien diocèse de Vienne), et pour titre : Le grand Dictionnaire de la Bible, ou Explication littérale et historique de tous les mots propres du Vieux et du Nouveau Testament. Cet ouvrage parut en 1693, à Lyon ; il fut augmenté et réimprimé en 1703, 2 vol. in-folio ; enfin il eut une troisième édition qui fut publiée en 1717, 2 vol. in-fol., avec de nouvelles augmentations. M. Quérard mentionne ces trois éditions, dont les deux dernières publiées par J. Certe. Mais, ou il y a eu une quatrième édition de cet ouvrage, ou on a substitué à la troisième un titre nouveau ; car on trouve des exemplaires datés de Lyon, Pierre Bruyset Ponthus, 1758. Le titre porte : Nouvelle et dernière édition, mise dans un état de plus grande perfection par un nouveau travail, et en profitant des lumières et avis reçus.

L’autre ouvrage est le Dictionnaire universel de l’Ecriture sainte, par Charles Huré, 2 vol. in-fol. ; il parut en 1715, et n’a point été réimprimé. On y trouve aussi, comme dans le précédent, l’explication de tous les noms propres d’hommes, de lieux, etc., avec moins de détails historiques, il est vrai, mais avec plus d’exactitude, et il offre de plus les différentes significations de chaque mot de l’Ecriture.

Le grand Dictionnaire de Simon avait été bien accueilli du public ; les trois éditions qui en furent faites l’attestent. Cependant il renfermait un grand nombre de fautes, disaient avec raison les habiles gens qui l’avaient examiné : c’est pourquoi on soupçonna que « l’abbé Simon, dit M. Quérard[2], d’après D. Calmet[3], n’avait ni les connaissances nécessaires, ni les ressources de toute espèce qu’il lui aurait fallu pour remplir d’une manière complète la tâche immense qu’il avait embrassée. » Ces faits, constatés avec soin par le docte bénédictin, lui inspirèrent la pensée de mettre en forme de dictionnaire une partie de ses travaux sur la Bible[4], et de présenter ce nouvel ouvrage comme plus complet, surtout plus exact que celui de Simon. Il se mit donc à l’œuvre et il put dire : « Nous reconnaissons que l’ouvrage de M. Simon nous a servi, au moins en ce qu’il nous a fourni la plupart des noms tout arrangés et les titres des matières entièrement distribués ; de plus, dans les endroits mêmes où l’auteur se trompe, il ne nous a pas été inutile, puisqu’il nous a averti de nous tenir sur nos gardes et d’examiner les choses de plus près. Enfin, le goût du public s’étant si fort déclaré pour un dictionnaire de la Bible, et tout le monde ayant témoigné tant d’empressement pour en avoir un bon, nous nous sommes déterminé à travailler à celui-ci, dans lequel nous avons taché d’éviter les défauts que l’on reproche aux auteurs qui avaient déjà entamé cette matière[5]. » Et M. Quérard, qui a lu ce passage, le traduit et l’explique en ces termes : « Le dictionnaire de l’abbé Simon, dont le succès se soutint tant qu’il n’yen eut pas de meilleur, a été relégué parmi les livres inutiles, depuis que nous avons celui de dom Calmet. »

Le Dictionnaire de la Bible par D. Calmet fut publié, pour la première fois, à Paris, en 1722, c’est-à-dire cinq ans après la troisième édition de celui de M. l’abbé Simon. Il était alors en 2 vol. in-fol., et l’auteur y ajouta un Supplément, aussi en 2 vol. in-fol., Paris, 1728. Ces quatre volumes étaient ornés de gravures. On ne tarda pas à entreprendre à Genève une contrefaçon de cet ouvrage ; mais l’auteur et ses éditeurs s’entendirent pour en publier une édition dans laquelle le Supplément serait refondu, et qui d’ailleurs devait être notablement perfectionnée. Celte nouvelle édition, qui est la seconde, fut annoncée au mois de juin 1729, et publiée en 1730, avec plus de trois cents grandes planches, 4. vol. in-fol., Paris, Emery,

  1. Il ne faut pas le confondre avec le fameux Richard Simon, né à Dieppe, prêtre de l’Oratoire, curé de Bolleville, hébraisant laborieux et critique trop hardi.
  2. La France littéraire, t. IX, au mot Simon, p. 161, col.2, Paris, Didot.1838.
  3. Préface sur la nouvelle édition de son Dictionnaire. Voyez ci-après.
  4. « Le plus utile des ouvrages de D. Calmet, dit l’abbé Sabatier de Castres (Siècles littéraires), est le Dictionnaire de la Bible, qui n’est qu’une répétition de son Histoire et de son Commentaire. »
  5. Préface déjà citée.