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Page:Migne - Encyclopédie théologique - Tome 48.djvu/70

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ASTAST

la place qu’elles occupaient alors, et dresse son thème suivant la position des planètes et des constellations.

Il y a eu des gens autrefois qui faisaient le métier de découvrir les voleurs par le moyen d’un astrolabe. « Le ciel, disaient-ils, est un livre dans lequel on voit le passé, le présent et l’avenir ; pourquoi ne pourrait-on pas lire tes événements de ce monde dans un instrument qui représente la situation des corps célestes[1] ? »

  1. Le père Lebrun, Hist. des pratiques superst., t. I, p. 230.

ASTROLOGIE, art de dire la bonne aventure et de prédire les événements, par l’aspect, les positions et les influences des corps célestes. — On croit que l’astrologie qu’on appelle aussi astrologie judiciaire, parce qu’elle consiste en jugements sur les personnes et sur les choses, a pris naissance dans la Chaldée, d’où elle pénétra en Égypte, en Grèce et en Italie. Quelques antiquaires attribuent l’invention de cette science à Cham, fils de Noé. Le commissaire de Lamarre, dans son Traité de police, titre 7, chap. 1er, ne repousse pas les opinions qui établissent qu’elle lui a été enseignée par le démon.

Diogène Laërce donne à entendre que les Égyptiens connaissaient la rondeur de la terre et la cause des éclipses. On ne peut leur disputer l’habileté en astronomie ; mais, au lieu de se tenir aux règles droites de cette science, ils en ajoutèrent d’autres, qu’ils fondèrent uniquement sur leur imagination ; ce furent là les principes de l’art de deviner et de tirer les horoscopes. Ce sont eux, dit Hérodote, qui enseignèrent à quel dieu chaque mois, chaque jour est consacré, qui observèrent les premiers sous quel ascendant un homme est né, pour prédire sa fortune, ce qui lui arriverait dans sa vie, et de quelle mort il mourrait.

« J’ai lu dans les registres du ciel tout ce qui doit vous arriver à vous et à votre fils, » disait à ses crédules enfants Bélus, prince de Babylone. Pompée, César, Crassus, croyaient à l’astrologie. Pline en parle comme d’un art respectable. Cette science gouverne encore la Perse et une grande partie de l’Asie. « Rien ne se fait ici, dit Tavernier dans sa relation d’Ispahan, que de l’avis des astrologues. Ils sont plus puissants et plus redoutés que le roi, qui en a toujours quatre attachés à ses pas, qu’il consulte sans cesse et qui l’avertissent du temps où il doit se promener, de l’heure où il doit se renfermer dans son palais, se purger, se vêtir de ses habits royaux, prendre ou quitter le sceptre, etc. Ils sont si respectés dans cette cour, que le roi Schah-Sophi étant accablé depuis plusieurs années d’infirmités que l’art ne pouvait guérir, les médecins jugèrent qu’il n’était tombé dans cet état de dépérissement que par la faute des astrologues, qui avaient mal pris l’heure à laquelle il devait être élevé sur le trône. Les astrologues reconnurent leur erreur : ils s’assemblèrent de nouveau avec les médecins, cherchèrent dans le ciel la véritable heure propice, ne manquèrent pas de la trouver et la cérémonie du couronnement fut renouvelée, à la grande satisfaction de Schah-Sephi qui mourut quelques jours après. »

Il en est de même à la Chine, où l’empereur n’ose rien entreprendre sans avoir consulté son thème natal.

La vénération des Japonais pour l’astrologie est plus profonde encore ; chez eux personne n’oserait construire un édifice sans avoir interrogé quelque astrologue sur la durée du bâtiment. Il y en a même qui, sur la réponse des astres, se dévouent et se tuent pour le bonheur de ceux qui doivent habiter la nouvelle maison[1].

Presque tous les anciens, Hippocrate, Virgile, Horace, Tibère, croyaient à l’astrologie. Le moyen-âge en fut infecté. On tira l’horoscope de Louis XIII et de Louis XIV et Boileau dit qu’un téméraire auteur n’atteint pas le Parnasse, si son astre en naissant ne l’a formé poëte

En astrologie, on ne connaît dans le ciel que sept planètes, et douze constellations dans le zodiaque. Le nombre de celles-ci n’a pas changé ; mais il y a aujourd’hui douze planètes. Nous ne parlerons que des sept vieilles, employées par les astrologues. Nous n’avons, disent-ils, aucun membre que les corps célestes ne gouvernent. Les sept planètes sont, comme on sait, le Soleil, la Lune, Vénus, Jupiter, Mars, Mercure et Saturne. Le Soleil préside à la tête ; la Lune, au bras droit ; Vénus, au bras gauche ; Jupiter, à l’estomac ; Mars, aux parties sexuelles ; Mercure, au pied-droit, et Saturne, au pied gauche ; — ou bien Mars gouverne la tête, Vénus le bras droit, Jupiter le bras gauche, le Soleil l’estomac, la Lune les parties sexuelles, Mercure le pied droit et Saturne le pied gauche.

Parmi les constellations, le Bélier gouverne la tête ; le Taureau, le cou ; les Gémeaux, les bras et les épaules ; l’Écrevisse, la poitrine et le cœur ; le Lion, l’estomac ; la Vierge, le ventre ; la Balance, les reins et les fesses ; le Scorpion, les parties sexuelles ; le Sagittaire, les cuisses ; le Capricorne, les genoux ; le Verseau, les jambes ; et les Poissons, les pieds.

On a mis aussi le monde, c’est-à-dire les empires et les villes, sous l’influence des constellations. Des astrologues allemands, au seizième siècle, avaient déclaré Francfort sous l’influence du Bélier, Wurtzbourg sous celle du Taureau, Nuremberg sous les Gémeaux, Magdebourg sous l’Écrevisse, Ulm sous le Lion, Heidelberg sous la Vierge, Vienne sous la Balance, Munich sous le Scorpion, Stuttgard sous le Sagittaire, Augsbourg sous le Capricorne, Ingolstadt sous le Verseau, et Rastibonne sous les Poissons.

Hermès a dit que c’est parce qu’il y a sept trous à la tête, qu’il y a aussi dans le ciel sept planètes pour présider à ces trous Saturne et Jupiter aux deux oreilles, Mars et Vénus aux deux narines, le Soleil et la Lune

  1. Essai sur les erreurs et les superstitions par M. L. C., ch. 5.