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23 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES 24


MACRODOR, médecin écossais dont voici l’aventure : « En l’année 1514, un nommé Trois-Rieux s’obligea envers un médecin écossais, nommé Macrodor (tous deux habitants de Bordeaux), de lui servir de démon après sa mort ; c’est-à-dire que son esprit viendrait lui obéir en toutes choses et lui faire connaître ce qui était caché aux hommes. Pour parvenir à ces fins, ils signèrent un pacte en lettres de sang sur un parchemin vierge.

« Ce Macrodor était regardé comme sorcier et magicien ; il eut une fin misérable, ainsi que toute sa famille. On surprit chez lui l’obligation que nous venons de mentionner, avec une platine de cuivre ronde, de médiocre grandeur, sur laquelle étaient gravés les sept noms de Dieu, sept anges, sept planètes et plusieurs autres figures, caractères, lignes, points, tous inconnus[1]. »

MACZOCHA. Un jeune écrivain (2)[2] a rapporté sur ce gouffre une tradition polonaise que nous transcrivons ici.

Du temps des Hussites, un brigand nommé Obesslik se rendit à la justice qui le poursuivait depuis longtemps, mais il se rendit à condition qu'on épargnât son sang. Il fut donc condamné à mourir de faim et descendu dans le gouffre de Maczocha avec une cruche d'eau et un seul pain. Le pain fut bientôt dévoré, la cruche d'eau bientôt vidée. Alors commença pour lui cette horrible agonie dont on peut se faire une idée après avoir lu l'épisode d'Ugolin dans le Dante. La mort lente s'approchait avec le désespoir, lorsque tout à coup le condamné entendit un sifflement étrange dans l'air et vit, en levant les yeux, un dragon ailé qui plongea à grands coups d'aile dans le précipice. Obesslik, qu'épouvantait l'idée que ce dragon le dévorerait, ramassa le reste de ses forces, se recula dans une crevasse de la paroi, prit une pierre et la jeta vers le dragon qui lut atteint, sous le ventre, au seul endroit qui n'était pas protégé par des écailles comme tout le reste de son corps. Un sang noir sortit de la blessure du monstre qui s'abattit sur une saillie du cratère où il se reposa quelque temps une demi-heure s'écoula ainsi, et, quand il eut repris quelques forces par le repos, il se releva et sortit. Ainsi délivré de son hôte monstrueux, Obesslik pensa ceci

Ne pourrais-je pas me sauver par son secours, s'il revenait ?

Le lendemain, à la même heure, le dragon redescendit dans le gouffre et se mit à fouiller la vase avec son bec immense pour y chercher des vipères d'eau dont il se nourrissait. Obesslik se glissa derrière lui et se plaça sur son dos écaillé. Quand le monstre se fut bien repu, il reprit son vol sans s'apercevoir qu'un homme était placé sur son dos et sortit du précipice. Il s'éleva bien haut dans l'air, portant toujours son cavalier qui attendait un moment favorable pour descen-


dre de son étrange coursier. Ses ailes bruissaient dans le vent ; et il s'abattit dans une forêt voisine où il se coucha sous un grand chêne et s'endormit.

Ohesslik sauvé reprit son ancien métier de dévaliseur, et plus d'une fois l'effroi se répandit dans la contrée au récit des crimes de celui que l'on croyait mort dans la Maczocha. Les montagnes de Hradi étaient surtout le théâtre de ses sanguinaires exploits. Mais il fut repris et décapité à Olmütz.

MAGARES, sorciers de Mingrélie, fort redoutés des gens du pays, parce qu’ils nouaient l’aiguillette. Aussi la cérémonie du mariage, en ce pays, se faisait toujours en secret, et sans qu’on en sût le jour, de peur que ces prétendus sorciers ne jetassent quelques sortilèges fâcheux sur les époux.

MAGES, sectateurs de Zoroastre, adorateurs du feu et grands magiciens. C’est d’eux, disent les démonomanes, que la magie ou science des mages tire son nom. Ils prêchaient la métempsycose astronomique ; c’est-à-dire que, selon leur doctrine, les âmes, au sortir de ce monde, allaient habiter successivement toutes les planètes avant de revenir sur la terre.

MAGIE ET MAGICIENS. La magie est l’art de produire dans la nature des choses au-dessus du pouvoir des hommes, par le secours des démons, ou en employant certaines cérémonies que la religion interdit. Celui qui exerce cet art est appelé magicien. On distingue la magie noire, la magie naturelle, la cœlestialis, c'est-à-dire l’astrologie judiciaire, et la cœremonialis ; cette dernière consiste dans l’invocation des démons, en conséquence d’un pacte formel ou tacite fait avec les puissances infernales. Ses diverses branches sont la cabale, l’enchantement, le sortilège, l’évocation des morts et des esprits malfaisants, la découverte des trésors cachés et des plus grands secrets, la divination, le don de prophétie, celui de guérir par des termes magiques et par des pratiques mystérieuses les maladies les plus opiniâtres, de préserver de tous maux, de tous dangers, au moyen d’amulettes, de talismans ; la fréquentation du sabbat, etc.

La magie naturelle, selon les démonographes, est l’art de connaître l’avenir et de produire des effets merveilleux par des moyens naturels, mais au-dessus de la portée du commun des hommes. La magie artificielle est l’art de fasciner les yeux et d’étonner les spectateurs, ou par des automates, ou par des escamotages, ou par des tours de physique. La magie blanche est l’art de faire des opérations surprenantes par l’évocation des bons anges, ou simplement par adresse et sans aucune évocation. Dans le premier cas, on prétend que Salomon en est l’inventeur ; dans le second, la magie blanche est la même chose que la magie naturelle, confondue avec la magie artificielle. La magie noire ou diabolique, enseignée par le diable,

  1. Delancre, Tableau de l’inconstance des dém., etc., liv. II, p. 474.
  2. M. Henri Van Hasselt.