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REMARQUES DE DOM CALMET SUR LE Ille LIVRE D’ESDRAS.

1. Sentiment de l’Eglise touchant le troisième 1ivre d’Esdras. Motifs de ceux qui reçoivent ce livre, ou le regardent même comme canonique. — Il. Sentiment de l’Eglise latine touchant ce même livre. Motifs de ceux qui le rejettent ou le regardent comme apochryphe. — III. Quel est l’auteur de ce livre. — IV. Indication ou analyse de ce qu’il offre de plus remarquable. — V. Jugement que l’on peut porter de ce livre.

1. L’Eglise grecque ne convient point avec la latine sur l’authenticité du IIIe livre d’Esdras ; les Grecs ont conservé celivre dans leur canon,tl’ont mis même avant celui qui passe chez nous pour le I" d’Esdras. Les exemplaires grecs les plus anciens et les plus estimés, comme celui de Rome, mettent d’abord celui que nous appelons le IIP d’Esdras, puis Néhémias, et en troisième lieu celui qui est le I"d’Esdras dans nos Bibles latines. Il est vrai que quelques éditions grecques (’¡'¡O) mettent à part le II¡e livre d’Esdras et le rejettent après le Cantique des trois jeunes hommes dans la fournaise, lequel, dans ces éditions, se trouve détaché de la prophétie de Daniel, où ce cantique est communément placé. Dans d’autres éditions grecques (431), on ne lit point dutoutleZi7* livre d’Esdras. Mais ce qui est incontestable, suivant la remarque de Sixte de Sienne (432), c’est que les Pères grecs ont tenu pour canonique le Jlle d’Esdras, et l’ont mis avant Néhémias.

Les anciens manuscrits, et les éditions latines non plus que les grecques ne sont pas uniformes sur cet article. Nous avons quelques manuscrits (433), où l’on trouve tout de suite le I" livre d’Esdras, Néhémias, et le JI" d’Esdras ; car c’est ainsi qu’ils intitulent celui que nous appelons le Ml*. Dans d’autres manuscrits on ne trouve pas le III livre d’Esdras, mais seulement le d’Esdras et Néhémias. D’autres manuscrits plus anciens, cités dans la nouvelle édition de saint Ambroise (434), sont encore bien plus éloignés de nos éditions latines. Dans une très-ancienne Bible de Saint-Germain des Prés, après avoir mis tout de suite et ensemble sans distinction, les deux livres canoniques d’Esdras, on a placé immédiatement l’histoire des trois gardes du corps de Darius, et du problème qu’ils proposèrent à ce prince ; après quoi on trouve le commencement du IV’ livre d’Esdras, qui commence par ces paroles : Incipit liber Esdrae prophetœ secundus : il n’y a d’abord que les deux premiers chapitres "de ce livre ; on lit ensuite tout le III’ livre d’Esdras, à l’exception de l’histoire des trois officiers de Darius ; puis recommence Je IV d’Esdras, avec ce titre : Liber Ezdrœ quarlus, anno tricesimo ruinœ civitatis, eram in Bahylone ego Salathiel, qui et Ezra, et continue jusque latin. J’en ai vu un autre côté 773, où le IV livre d’Esdras ne commence qu’au chapitre iii.

M. le Fèvre, précepteur de Louis XIII, avait trouvé un IV livre d’Esdras si différent des imprimés qu’il jugea à propos d’en envoyer les diverses leçons au cardinal Baronius. Dans les anciennes Bibles latines imprimées, on lit ordinairement les trois livres d’Esdras de suite ; c’est-à-dire le 1" d’Esdras, celui de Néhémias, et le Ill’ d’Esdras, ou, comme portent quelques exemplaires, le IIe deçdras. Cet ordre s’est continué jusqu’à la Bible de Sixte V. Depuis ce temps on a mis à part les llP et IV livres d’Esdras, et hors du rang des Ecritures canoniques.

Les Hébreux ne faisaient qu’un livre des deux premiers d’Esdras, ou si l’on veut, du I" livre d’Esdras et du livre de Néhémias. Les Grecs les suivaient en cela, mais avec cette différence, que le Jer livre d’Esdras, dans les exemplaires grecs et dans plusieurs exemplaires latins, était celui que nous appelons le troisième. Les Pères les citent suivant cet ordre, comme on le voit dans Origène, sur la fin de l’homélie neuvième sur Josué ; dans saint Athanase, ou l’auteur de la Synopse citée sous son nom ; dans saint Augustin (435) et saint Cyprien (436). Ce dernier, de même que saint Augustin, cite l’histoire du problème proposé par les trois gardes du corps de Darius, comme étant du vrai Esdras. Cela n’est pas extraordinaire pour saint Athanase, puisque c’était l’opinion commune des Grecs, et que leurs exemplaires les plus anciens et les meilleurs lisaient ce problème dans leur premier livre. Josèphe l’historien (437), plus ancien que tous ces Pères, le lisait de même : ainsi on peut assurer qu’avant la traduction de saint Jérôme, la plupart des églises tenait le Jll d’Esdras pour authentique, puisqu’elles suivaient ou les exemplaires grecs, dans les-

(430) Editio Grœca, Francofurt. an,- 1597, el Ba- ,llee}I,(ln.. 1545.

(45t) Editio Aldi, Vcnct., an. 1518.

(432) Sixt.Senens. 1. i, pag. 8.

(435) Jlanuscript. monasterii suncti Michael. tn Loiharing. Item duo alia sancti Germani a Pratis.

(434) Admonit. in lib. Ambros. De bUlLo mortis.

(435) August., lib. XVIII. De civil. Dei, cap. 56. < Nisi lorie - Esdras n eo Chrisluiu prophctasseintelligendus est, quod inter juvenes quosdam orta quaeslione, quid amplius valerel iii rébus, cum regemuiuisdixisset, allervinum,tertiusmulieres, idem tamen tenius veritatem super onmia démonstravitesseviciricem. >

(456) Cyprian., ep. 74, ad Pompeiam : « Apud Esdiamverilasvincii.»

(457) Joseph.,Aniiq1.xi,c. 3.