Page:Migne - Troisième et dernière encyclopédie théologique, tome 23, 1856.djvu/306

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4. Alors les trois jeunes hommes qui veillaient à la garde de sa personne, se dirent l’un à l’autre :

5. Que chacun de nous propose quelque question importante, et celui qui parlera avec plus de sagesse que les autres, recevra de grands présents du roi.

6. Il sera revêtu de la pourpre, il boira dans un vase d’or, et dormira sur des étoffes précieuses. Il sera traîné dans un char dont les rênes seront d’or, il portera sur sa tête une tiare de fin lin et un collier autour de son cou.

7. Il méritera par sa sagesse d’être assis à la droite du roi[1], et il sera appelé son cousin[2].

8. Ils écrivirent ensuite chacun leur question, et les mirent toutes sous le chevet du roi.

9. Et ils dirent : Lorsque le roi sera éveillé, nous lui présenterons ces écrits, et la victoire restera, comme nous en sommes convenus, à celui de nous trois qui, au jugement du roi et des grands, aura fait voit — le plus de sagesse dans ses preuves.

10. Le premier de ces gardes écrivit : Il n’y a rien de plus fort dans le monde que le vin.

11. Le second écrivit : Il n’y a rien de plus fort que la puissance du roi.

12. Et le troisième enfin écrivit : Il n’y a rien de plus fort que les femmes ; mais la vérité est encore plus forte.

13. Quand le roi fut éveillé, ils prirent leurs écrits et les lui présentèrent, le roi les lut.

14. Et avant fait assembler tous les gouverneurs des Perses et des Mèdes, les grands de sa cour[3], les préteurs et les préfets,

15. il les fit asseoir[4], et on lut ces écrits en leur présence.

16. Le roi dit ensuite : Appelez les jeunes gardes, et qu’ils s’expliquent eux-mêmes ; et ils parurent aussitôt.

17. Et il leur dit : Déclarez-nous vous-mêmes les choses que vous avez écrites. Alors celui qui avait donné la force au vin parla le premier.

18. Et dit : 0 roi[5], combien le vin est-il plus fort que tous les hommes qui le boivent ! il se rend maître de leurs pensées ;

19. et il rend égales celles[6] du roi et de l’orphelin, de l’esclave et de l’homme libre, du riche et du pauvre.

20. Il leur inspire la confiance et la joie, il bannit la tristesse et le souvenir importun de leurs dettes.

21. Il rend tous les cœurs contents[7], il leur ôte la mémoire du roi et des magistrats[8] ; il fait que l’on ne s’entretient que de biens et de fortune[9].

22. À peine les hommes sont-ils remplis de vin qu’ils oublient les droits de l’amitié et les liens du sang ; et bientôt après ils courent aux armes.

23. Et quand ils sont sortis de leur ivresse, ils ne se ressouviennent plus de ce qu’ils ont fait.

24. Ô hommes ! Y a-t-il donc quelque chose de plus fort que le vin, puisqu’il produit de pareils effets ? Et, après avoir parlé de cette manière, il se tut.

CHAPITRE IV.

[10].

Preuve admirable de la force du roi, de la femme et de la vérité. Cependant la vérité l’emporte sur toutes ces choses. Darius, à la prière de Zorobabel, rend les vases sacrés. Il ordonne qu’on mette les Juifs en liberté, et qu’on leur fournisse les choses nécessaires pour la construction du temple.

1. Le second garde parla ensuite et releva la force du roi.

2. 0 vous qui m’écoutez ! Y a-t-il quelque chose de plus fort que les hommes, eux qui se soumettent la terre, la mer, et tout ce qui est renfermé dans leurs vastes espaces.

3. Le roi, cependant, est encore au-dessus d’eux ; ils révèrent sa puissance et sont toujours prêts à exécuter ses ordres.

4. S’il les envoie contre les ennemis redoutables, ils marchent, ils franchissent les montagnes, renversent les murs, et les tours.

5. Ils perdent la vie, mais c’est après l’avoir ôtée aux autres, et, toujours soumis aux ordres du roi, si la victoire couronne leur valeur, ils lui apportent toutes les dépouilles de ses ennemis.

6. Tous ceux aussi qui, loin des travaux de la guerre, cultivent en paix de riches campagnes, ne les voit-on pas après la moisson en apporter au roi les tributs et les prémices ?

7. Si lui seul dit : Tuez, ils tuent : Pardonnez, ils pardonnent.

8. Frappez, ils frappent : Détruisez, ils détruisent : Bâtissez, ils bâtissent.

9. S’il dit : Coupez, ils coupent : Plantez, ils plantent.

10. Le peuple et les grands sont également soumis aux volontés d’un seul homme.

  1. Litt. : Assis à la seconde place après Darius.
  2. Litt. : Il n’y a guère d’apparence que ces trois officiers aient osé eux-mêmes déterminer la récompense que le prince serait obligé de donner à celui des trois d’entre eux qui aurait le mieux réussi sur les trois questions qu’ils devaient proposer.
  3. Litt. : Ceux qui étaient revêtus de la pourpre.
  4. Litt. : En son conseil.
  5. Litt. : 0 hommes. Autr. : 0 messeigneurs. Voyez le verset 24.
  6. Il trouble et renverse également l’esprit, etc.
  7. Grec : Il fait qu’en soi-même chacun se croit riche et content.
  8. Il fait que l’on ne reconnaît point de roi ni de grands seigneurs que soi-même.
  9. Litt. : Et fait que l’on ne parle plus que par talents, c’est-à-dire que de grosses sommes d’argent. Voy. le syriaque.
  10. Ce chapitre continue l’histoire commencée au chapitre précédent.