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Page:Mignet - Histoire de la Révolution française, 1838.djvu/196

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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

fondément, pour avoir conçu un semblable projet. Qu’anathème soit lancé contre celui de la députation de Paris qui osera concevoir une pareille idée ! — Oui, s’écria Rebecqui de Marseille, oui, il existe dans cette assemblée un parti qui aspire à la dictature, et le chef de ce parti, je le nomme, c’est Robespierre ! Voilà l’homme que je vous dénonce. » Barbaroux appuya cette dénonciation de son témoignage ; il avait été un des principaux auteurs du 10 août ; il était le chef des Marseillais, et il possédait une influence prodigieuse dans le Midi. Il assura qu’à l’époque du 10 août les Marseillais étant recherchés par les deux partis qui partageaient la capitale, on le fit venir chez Robespierre ; que là on lui dit de se rallier aux citoyens qui avaient acquis le plus de popularité, et que Panis lui désigna nommément Robespierre comme l’homme vertueux qui devait être le dictateur de la France. Barbaroux était un homme d’action. Le côté droit possédait quelques membres qui pensaient, comme lui, qu’il fallait vaincre leurs adversaires sous peine d’être vaincus par eux. Ils voulaient qu’en se servant de la convention contre la commune, on opposât les départements à Paris, et qu’on ne ménageât point, pendant qu’ils étaient faibles, des ennemis auxquels, sans cela, on donnerait le temps de devenir forts. Mais le plus grand nombre craignait une rupture, et répugnait aux mesures énergiques.

L’accusation contre Robespierre n’eut pas de suite, mais elle retombait sur Marat, qui avait conseillé la dictature dans son journal de l’Ami du peuple, et préconisé les massacres. Lorsqu’il parut à la tribune pour se justifier, un mouvement d’horreur saisit l’assemblée : À bas ! à bas ! s’écria-t-on de toutes parts. Marat reste imperturbable. Dans un moment de silence : « J’ai dans cette assemblée, dit-il, un grand nombre d’ennemis personnels. — Tous ! tous ! — Je les rappelle à la pudeur ; je les exhorte à s’interdire les clameurs furibondes et les menaces indécentes contre un homme qui a servi la liberté et eux-mêmes beaucoup plus qu’ils ne pensent ; qu’ils sachent écouter une fois ! » Et cet homme exposa au