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CONVENTION NATIONALE.

vrier dans l’Ami du peuple à l’égard de quelques marchands, pour servir d’exemple, eut lieu, et Marat fut dénoncé à la convention, qui le décréta d’accusation après une séance très orageuse. Mais ce décret n’eut pas de suite, parce que les tribunaux ordinaires n’avaient aucune autorité. Ce double essai de force d’une part, et de faiblesse de l’autre, se fit dans le courant du mois de février. Bientôt des événements plus décisifs encore conduisirent les Girondins à leur perte.

La situation militaire de la France avait été jusque-là rassurante. Dumouriez venait de couronner la brillante campagne de l’Argone par la conquête de la Belgique. Après la retraite des Prussiens, il s’était rendu à Paris pour y concerter l’invasion des Pays-Bas autrichiens. De retour à l’armée le 20 octobre 1792, il avait commencé l’attaque le 28. Le plan essayé avec si peu d’à-propos, de forces et de succès au commencement de la guerre, fut repris et exécuté avec des moyens supérieurs. Dumouriez, à la tête de l’armée de la Belgique, forte de quarante mille hommes, marcha de Valenciennes sur Mons, appuyé à sa droite par l’armée des Ardennes, d’environ seize mille hommes, sous le général Valence, qui se dirigea de Givet sur Namur ; et à sa gauche par l’armée du Nord, forte de dix-huit mille hommes, sous le général Labourdonnaie, qui s’avança de Lille sur Tournai. L’armée autrichienne, postée en avant de Mons, attendit la bataille dans ses retranchements. Dumouriez la défit complètement ; et la victoire de Jemmapes ouvrit la Belgique aux Français, et recommença en Europe l’ascendant de nos armes. Vainqueur le 6 novembre, Dumouriez entra le 7 dans Mons, le 14 à Bruxelles, le 28 à Liège. Valence prit Namur ; Labourdonnaie s’empara d’Anvers, et, au milieu de décembre, l’invasion des Pays-Bas fut entièrerement achevée. L’armée française, maîtresse de la Meuse et de l’Escaut, prit ses quartiers d’hiver, après avoir jeté derrière la Roër les Autrichiens, qu’elle aurait pu jeter derrière le bas Rhin.

Dès ce moment commencèrent les hostilités de Dumouriez avec les Jacobins. Un décret de la convention, du 15 septem-