Page:Mignet - Histoire de la Révolution française, 1838.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
323
CONVENTION NATIONALE.

toutes les sections intérieures. Après s’être disposés à la résistance, ils cédèrent, abandonnant quelques-uns de leurs meneurs, leurs armes et leur artillerie. Le parti démocratique avait perdu ses chefs, ses clubs, ses autorités ; il ne lui restait plus qu’une force armée qui le rendait encore redoutable, et des institutions qui pouvaient lui faire tout reconquérir. À la suite de son dernier échec, la classe inférieure fut entièrement exclue du gouvernement de l’état : les comités révolutionnaires, qui formaient ses assemblées, furent détruits ; les canonniers, qui étaient sa troupe, furent désarmés ; la constitution de 93, qui était son code, fut abolie, et le régime de la multitude finit là.

Du 9 thermidor au 1er prairial, le parti montagnard fut traité comme le parti girondin l’avait été du 2 juin au 9 thermidor. Soixante-seize de ses membres furent condamnés à mort ou décrétés d’arrestation. Il subit à son tour la destinée qu’il avait fait subir à l’autre ; car, en temps de passions, les partis ne savent pas s’accommoder et ne veulent que se vaincre. Comme les Girondins, ils s’insurgèrent pour ressaisir le pouvoir qu’ils avaient perdu ; et comme eux ils succombèrent. Vergniaud, Brissot, Guadet, etc., furent jugés par un tribunal révolutionnaire ; Bourbotte, Duroy, Soubrany, Romme, Goujon, Duquesnoy le furent par une commission militaire. Les uns et les autres moururent avec le même courage : ce qui fait voir que tous les partis sont les mêmes et se conduisent par les mêmes maximes, ou, si l’on veut, par les mêmes nécessités. Depuis cette époque, la classe moyenne reprit au dehors la conduite de la révolution, et l’assemblée fut aussi unie sous les Girondins qu’elle l’avait été, après le 2 juin, sous les Montagnards.