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DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

recteurs Barras, Rewbell, Larévellière ; qu’on fit venir les deux autres dans le sein du corps législatif ; que si le gouvernement refusait d’obéir, on sonnât le tocsin, et qu’on marchât avec les anciens sectionnaires contre le directoire ; que Pichegru fût mis à la tête de cette insurrection légale, et qu’on prît toutes ces mesures vite, hardiment et en plein jour. On dit que Pichegru hésita ; et l’avis des hommes indécis l’emportant, on suivit la marche lente des préparatifs légaux.

Il n’en fut pas de même du directoire. Barras, Rewbell et Larévellière résolurent d’atteindre sur-le-champ Carnot, Barthélémy et la majorité législative. Le matin du 18 fut fixé pour l’exécution du coup d’état. Dans la nuit, les troupes cantonnées autour de Paris entrèrent dans la ville sous le commandement d’Augereau. Le projet du triumvirat directorial était de faire occuper les Tuileries par les troupes avant la réunion du corps législatif, afin d’éviter une expulsion violente ; de convoquer les conseils dans le voisinage du Luxembourg, après avoir arrêté leurs principaux meneurs, et d’accomplir, par une mesure législative, un coup d’état commencé par la force. Il était d’accord avec la minorité des conseils, et il comptait sur l’approbation de la masse. À une heure du matin, les troupes arrivèrent à l’Hôtel-de-Ville, se prolongèrent sur les quais, sur les ponts, aux Champs-Élysées, et bientôt douze mille hommes et quarante pièces de canon cernèrent les Tuileries. À quatre heures, le canon d’alarme fut tiré, et le général Augereau se présenta à la grille du Pont-Tournant.

La garde du corps législatif était sous les armes. Les inspecteurs de la salle, avertis le soir du mouvement qui se préparait, s’étaient rendus au Palais-National (les Tuileries) pour en défendre l’entrée. Le commandant de la garde législative, Ramel, était dévoué aux conseils, et il avait placé ses huit cents grenadiers aux diverses avenues du jardin fermé par des grilles. Mais ce n’était point avec des forces si faibles et si peu sûres que Pichegru, Willot et Ramel pouvaient opposer quelque résistance au directoire. Augereau n’eut pas même besoin de forcer le passage du Pont-Tournant ; à peine en présence