Page:Mignet - Nouveaux éloges historiques.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas un qui n’ait la conviction de perdre non-seulement un très-grand maître, mais un bienfaiteur. » Dépeignant ensuite le départ de Landshut et la touchante séparation de Savigny et de ses élèves « Toute l’université, dit-elle, était rassemblée devant et dans la maison beaucoup d’étudiants étaient en voiture et à cheval, ne voulant pas prendre brusquement congé de l’admirable ami et professeur. On distribua du vin, et ce fut aux cris non interrompus de : Vive Savigny ! qu’on sortit de la ville. Les cavaliers accompagnaient la voiture. Sur une montagne, où le printemps ouvrait tout justement les yeux, les professeurs et les personnes graves firent solennellement leurs adieux ; les autres nous accompagnèrent une station plus loin. Tous les quarts de lieue, nous trouvions en chemin des groupes d’étudiants qui étaient allés en avant, afin de voir une dernière fois Savigny. A l’auberge de la Poste, beaucoup nous quittèrent, en se détournant pour cacher leurs larmes. Un jeune Souabe avait couru plus loin, et, debout dans le champ, il agitait son petit mouchoir, tandis que les pleurs l’empêchaient de lever les yeux au moment où la voiture passa devant lui. » Six