J’ai voulu te revoir. J’avais juré de venir saluer ton retour, et j’ai quitté mon sépulcre humide pour te souhaiter la bienvenue.
Que m’importe la terre qui a pressé ton corps ? Que m’importe la mort même ? Tu revis pour moi et tu seras l’éternel soleil vers qui se tourneront mes pensées.
Le glorieux Éros m’a prêté sa force divine pour lever les pierres de la tombe ; la nuit funèbre n’a pu fermer mes yeux qui te cherchaient au loin.
Viens, Apollonia. Regarde : comme autrefois la lune baigne les jardins, le vent nous apporte l’odeur des plaines fleuries. Écarte ton voile pour que je contemple tes yeux pareils aux tranquilles étoiles, pour que je respire comme une moisson de fleurs ta chevelure dénouée… Mais je suis insensé ! Tu ne peux répondre à mes embrassements… et pourtant tu es là, devant moi… Est-ce un rêve ? Es-tu vivante, ou vas-tu disparaître quand le coq sonnera le jour ?
Pour toi, si tu le veux, je ne disparaîtrai plus.
Aucune puissance ne pourra maintenant l’arracher à mes étreintes. Je te garde.