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Page:Mikhaël-Mendès - Briséïs, Dentu.djvu/10

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Dans le tranquille gynécée,
Auprès des bons rouets chargés
De lins légers,
Tu dors, Briséïs, fiancée !

Ces lauriers frissonnent encore
D’avoir frôlé tes voiles blancs,
Ces lys tremblants
T’attendent comme une autre aurore ;

Et les colombes endormies,
Là-bas, dans notre colombier,
Sous le sorbier,
Rêvent à tes lèvres amies.

Viens n’entends-tu pas qu’une voix éprise
Se mêle aux rumeurs de la vaine brise ?

Briséïs apparaît sur la terrasse, une lampe à la main.

C’est elle !

Pendant qu’elle regarde au dehors, en se penchant, Hylas se dérobe derrière les buissons, cueille des Beurs, les assemble, et, rapproché de la fenêtre, les jette à Briséïs, en disant :

C’est elle !Viens !

Briséïs

C’est elle ! Viens !Hylas ! ô joie ! encore ici !

Mélancoliquement et comme prise d’un remords :

L’âme pleine d’un noir souci,
Je veillais Thanastô, ma mère, maîtrisée
Par un mal sans merci.

Elle soulève la tenture et regarde dans la maison.

Mais un Dieu la secourt : elle dort, apaisée,

Ardente et joyeuse :

Et tu m’appelles ! Me voici !