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rapport entre l’utilité et la justice

Le second repose sur la justice reconnue de la défense personnelle et l’injustice qu’il y a à forcer une personne à se conformer aux notions qu’ont les autres sur ce qui constitue son bien. Les partisans de M. Owen invoquent le principe reconnu d’après lequel il est injuste de punir une personne pour ce qu’elle ne peut empêcher. Chacun des partis est triomphant tant qu’il n’est pas appelé à prendre en considération les maximes de justice autres que celle qu’il a choisie ; mais aussitôt que leurs divers principes propres sont confrontés, chacun semble avoir à dire, pour sa défense, exactement autant que les autres. Aucun ne peut faire triompher sa notion personnelle de la justice sans fouler aux pieds une autre notion également obligatoire. Voilà les difficultés ; on les a toujours considérées comme telles ; on a inventé bien des expédients pour les tourner plutôt que pour les vaincre. Pour échapper à la dernière théorie, les hommes ont imaginé ce qu’ils appellent la liberté de la volonté, se figurant qu’ils ne pouvaient justifier la punition d’un homme dont la volonté était dans un état complètement haïssable, qu’en supposant qu’il était arrivé dans cet état sans être influencé par des circonstances antérieures. Pour échapper aux autres difficultés, l’invention favorite a