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l’utilitarisme

progresser elle enfermera ces maux dans des limites étroites. La pauvreté, renfermant tant de souffrances, pourra être éteinte par la sagesse de la société, le bon sens de l’individu. Jusqu’au plus intraitable de tous les ennemis, la mort, qui reculera devant les progrès de la médecine, de l’éducation morale et du contrôle sur les influences pernicieuses. Les progrès de la science contiennent même pour l’avenir des promesses de conquête plus directe sur cet ennemi redouté. Chaque pas fait en avant nous délivre non seulement d’une chance de mort, mais, ce qui nous intéresse davantage, d’une chance de malheur pour ceux en qui repose notre bonheur. Quant aux vicissitudes de la fortune et aux autres désappointements causés par les circonstances extérieures, ils sont généralement l’effet de grossières imprudences, de désirs malsains, d’institutions sociales mauvaises ou imparfaites. En somme, les sources principales de la souffrance humaine peuvent être conquises avec des efforts et des soins. Cette conquête sera lente ; bien des générations périront avant la réussite, mais elle se fera, si la volonté et l’étude ne font pas défaut. Chaque intelligence généreuse doit prendre avec joie sa part de lutte contre la souffrance, si petite qu’elle soit, et surtout ne jamais la refuser.