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sanction suprême du principe d’utilité

l’éducation, entourés et renforcés d’un tissu serré d’associations corroborantes formé par l’influence puissante des sanctions extérieures. Cette manière de nous concevoir nous-mêmes en rapport intime avec la société doit devenir chaque jour plus naturelle. Chaque réforme politique doit y contribuer, en faisant disparaître les causes des oppositions d’intérêt, en détruisant les inégalités entre les individus et les classes, qui font qu’on peut encore négliger le bonheur de toute une partie de la société. Dans un état progressif de l’esprit humain, les influences qui provoquent chez l’homme le sentiment de son union avec ses semblables doivent devenir chaque jour plus fortes ; ce sentiment d’union, s’il était parfait, ferait que l’individu ne concevrait ou ne désirerait jamais une condition heureuse dont ses semblables ne profiteraient pas. Maintenant, si nous supposons que ce sentiment d’union est enseigné comme une religion, que toutes les forces de l’éducation, des institutions, de l’opinion, tendent à envelopper l’homme, dès son enfance, de ce sentiment mis en pratique, je pense qu’alors pas un de ceux qui pourront réaliser cette conception de la société ne trouvera insuffisante la sanction suprême de la morale du Bonheur. À ceux qui trouvent cette réalisation