Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/123

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les plus rigides disciplinaires, parmi les philosophes de l’antiquité.

À part les doctrines particulières des penseurs individuels, il y a aussi dans le monde une forte et croissante inclination à étendre d’une manière outrée le pouvoir de la société sur l’individu, et par la force de l’opinion et même par celle de la législation. Or, comme tous les changements qui s’opèrent dans le monde, ont pour effet d’augmenter la force de la société et de diminuer le pouvoir de l’individu, cet empiètement n’est pas un de ces maux qui tendent à disparaître spontanément ; bien au contraire, il tend à devenir de plus en plus formidable. La disposition des hommes, soit comme souverains, soit comme concitoyens à imposer leurs opinions et leurs goûts pour règle de conduite aux autres, est si énergiquement soutenue par quelques-uns des meilleurs et par quelques-uns des pires sentiments inhérents à la nature humaine, qu’elle ne se contraint presque jamais que faute de pouvoir. Comme le pouvoir n’est pas en train de décliner mais de croître, on doit s’attendre, à moins qu’une forte barrière de conviction morale ne s’élève contre le mal, on doit s’attendre, disons-nous, dans les conditions présentes du monde à voir cette disposition augmenter.

Il vaut mieux pour l’argument, qu’au lieu d’aborder sur le champ la thèse générale, nous nous renfermions