Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/174

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doctrines qui sont le drapeau d’une secte particulière gardent plus de vitalité que les doctrines communes à toutes les sectes reconnues, et pour que ceux qui enseignent ces doctrines prennent plus de soin d’en inculquer tout le sens. Mais la principale raison, c’est que ces doctrines sont plus discutées et ont plus souvent à se défendre contre de francs adversaires. Dès qu’il n’y a plus d’ennemi à craindre, et ceux qui enseignent et ceux qui apprennent s’endorment à leur poste.

La même chose est vraie généralement parlant, pour toute doctrine traditionnelle, pour celles de prudence et de connaissance de la vie aussi bien que pour celles de morale ou de religion. Toutes les langues et toutes les littératures abondent en observations générales sur la vie et sur la manière de se conduire dans la vie ; observations que chacun connaît, que chacun répète ou écoute en y acquiesçant, qu’on regarde comme des truismes et dont pourtant on n’apprend en général le vrai sens que lorsque l’expérience les transforme pour nous en réalité, et presque toujours d’une façon pénible. Que de fois une personne, en éprouvant un malheur ou un désappointement, ne se rappelle-t-elle pas quelque proverbe ou quelque dicton qui, si elle en avait toujours aussi bien compris le sens, lui aurait épargné cette calamité. À la vérité il y a d’autres raisons pour cela que l’absence de discussion ;