Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/177

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que le ferait un adversaire désireux de les convertir.

Mais au lieu de chercher de semblables moyens, ils ont perdu ceux qu’ils avaient autrefois. Un de ces moyens étaient la dialectique de Socrate, dont Platon nous donne dans ses dialogues de si magnifiques exemples.

C’était essentiellement une discussion négative des grandes questions de la philosophie et de la vie, dirigée avec un art consommé, se proposant de montrer à un homme qui avait simplement adopté les lieux communs de l’opinion reçue, qu’il ne comprenait pas le sujet, qu’il n’avait encore attaché aucun sens défini aux doctrines qu’il professait ; afin qu’éclairé sur son ignorance il pût chercher à se faire une croyance solide, reposant sur une conception nette et du sens et de l’évidence des doctrines. Les disputes des écoles du moyen âge avaient un but à peu près semblable. On voulait s’assurer par là que l’élève comprenait sa propre opinion et (par une corrélation nécessaire) l’opinion opposée, et qu’il pouvait appuyer les motifs de l’une et réfuter ceux de l’autre. Ces dernières disputes avaient à la vérité ce défaut irrémédiable de tirer leurs prémisses non de la raison mais de l’autorité : et comme discipline pour l’esprit, elles étaient inférieures sous tous les rapports à ces dialectiques puissantes qui formèrent l’intelligence des Socratici viri ; mais l’esprit