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Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/232

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une succession rapide de changements de résidence d’une ville à l’autre. Tout accroissement de commerce et de manufactures favorise encore cette assimilation en répandant la fortune, et en plaçant les plus grands objets d’ambition à la portée générale, par où il advient que le désir de s’élever n’appartient plus exclusivement à une classe, mais à toutes. Mais une influence plus puissante que toutes celles-ci pour amener une similitude générale parmi les hommes, c’est l’établissement complet dans ce pays et dans d’autres, de l’ascendant de l’opinion publique dans l’État. Comme les nombreuses éminences sociales qui permettaient aux personnes retranchées derrière elles de mépriser l’opinion de la multitude, se nivellent graduellement, comme l’idée même de résister à la volonté du public, quand on sait positivement qu’il a une volonté, disparaît de plus en plus de l’esprit des politiques pratiques, il cesse d’y avoir aucun soutien social pour la non conformité. Il n’y a plus dans la société de pouvoir indépendant, qui, opposé lui-même à l’ascendant de la majorité, soit intéressé à prendre sous sa protection des opinions et des tendances contraires à celles du public.

La réunion de toutes ces causes forme une si grande masse d’influences hostiles à l’Individualité, qu’on ne peut guère démêler comment elle sera capable de défendre son terrain. Elle y trouvera une difficulté