Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/267

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dans un coin de terre éloigné, qu’ils ont été les premiers à rendre habitable, il est difficile de voir d’après quels principes (si ce n’est ceux de la tyrannie) on peut les empêcher de vivre là à leur guise, pourvu qu’ils ne commettent point d’agression envers les autres nations, et qu’ils laissent aux mécontents toute liberté de départ. Un écrivain moderne d’un mérite considérable à quelques égards, propose (nous nous servons de ses propres termes) non pas une croisade, mais une civilisade contre cette communauté polygame, pour mettre fin à ce qui lui semble un pas rétrograde dans la civilisation. Je vois la chose de même, mais je ne sache pas qu’aucune communauté ait le droit d’en forcer une autre à être civilisée. Du moment où les victimes d’une mauvaise loi n’invoquent pas le secours des autres communautés, je ne puis admettre que des personnes complétement étrangères aient le droit de venir exiger la cessation d’un état de choses qui paraît satisfaire toutes les parties intéressées, uniquement parce que c’est un scandale pour des gens éloignés de quelques milliers de milles et parfaitement désintéressés dans la question. Envoyez-leur des missionnaires, si bon vous semble, pour les prêcher là-dessus, et employez tous les moyens loyaux (imposer silence aux novateurs n’en est pas un) pour empêcher le progrès de semblables doctrines dans votre pays. Si la civilisation a prévalu sur la barbarie,