Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/270

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pas responsable envers la société de ses actions, du moment où elles ne touchent les intérêts de personne autre que lui-même. Les conseils, l’instruction, la persuasion, l’isolement, si les autres jugent nécessaire pour leur propre bien de recourir à ce dernier moyen, telles sont les seules manières dont la société puisse légitimement témoigner son dégoût ou sa désapprobation de la conduite de l’individu ; 2° pour des actions estimées préjudiciables aux intérêts d’autrui, l’individu est responsable et peut être soumis aux punitions sociales ou légales, si la société juge les unes ou les autres nécessaires pour se protéger.

D’abord il ne faut nullement croire qu’un tort ou le risque d’un tort fait aux intérêts d’autrui puisse toujours justifier l’intervention de la société, parce qu’il peut seul la justifier dans certains cas. Dans un grand nombre de cas un individu en poursuivant un objet légitime cause nécessairement, et par suite légitimement, un tort ou une peine à d’autres individus, ou intercepte un bien qu’ils pouvaient raisonnablement espérer. De telles oppositions d’intérêts entre les individus proviennent souvent de mauvaises institutions, mais sont inévitables tant que ces institutions durent ; quelques-unes même seraient inévitables sous toute espèce d’institutions. Quiconque réussit dans une profession encombrée ou dans un concours, quiconque est préféré à un autre dans toute