Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/280

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quoique l’État n’ait pas le droit de décider par voie d’autorité, avec le projet d’empêcher ou de punir, que telle ou telle conduite purement personnelle est bonne ou mauvaise, il est toutefois fondé à prétendre que la question est au moins douteuse. Ceci étant, ajoute-t-on, l’État ne peut faire mal en essayant de détruire l’influence d’instigateurs qui n’agissent pas d’une façon désintéressée et impartiale, qui ont un intérêt direct d’un côté (le mauvais côté, à ce que pense l’État), et qui, de leur propre aveu, poussent vers ce côté dans des vues toutes personnelles. De plus, à coup sûr il ne peut y avoir rien de perdu, aucun bien de sacrifié, à faire en sorte que les gens fassent leur choix, sagement ou sottement, mais d’eux-mêmes, sans être séduits ni poussés par des personnes qui y trouvent leur profit. Ainsi, peut-on nous dire, quoique les statuts sur les jeux illicites soient insoutenables en théorie, quoique tout le monde doive être libre de jouer chez soi, ou chez les autres, ou dans quelque lieu de réunion fondé par souscription et ouvert seulement aux membres et à leurs visiteurs, néanmoins il ne faut pas permettre les maisons de jeux publiques. Il est vrai que la défense n’est jamais efficace, de quelques pouvoirs que soit armée la police, et que les maisons de jeux peuvent toujours être maintenues sous d’autres prétextes, mais elles sont obligées de conduire leurs opérations avec un certain degré de secret et