Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/290

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liberté, mais se présentent hardiment comme les champions du pouvoir. C’est dans le cas des enfants que des notions de liberté appliquées mal à propos sont un obstacle réel à ce que l’État accomplisse ses devoirs. On croirait presque que les enfants d’un homme font littéralement (et non pas au figuré) partie de lui-même, tant l’opinion est jalouse de la moindre intervention de la loi entre les enfants et l’autorité exclusive et absolue des parents. Les hommes la voyent de plus mauvais œil qu’aucun autre empiétement sur leur liberté d’action, tant ils attachent plus de prix généralement au pouvoir qu’à la liberté. Voyez par exemple ce qui se passe pour l’éducation. N’est-il pas presqu’évident que l’État devrait exiger de tous les citoyens, et même leur imposer, une certaine éducation ?

Néanmoins chacun craint de reconnaître et de proclamer cette vérité. À vrai dire, personne ne le nie ; c’est un des devoirs les plus sacrés des parents (ou, selon la loi et l’usage actuel, du père) après avoir donné naissance à un être humain, d’élever cet être de façon à ce qu’il soit capable de remplir toutes ses obligations envers les autres et envers lui-même. Mais tandis qu’on déclare à l’unanimité que tel est le devoir du père, personne à peine en Angleterre ne supporterait l’idée qu’on l’obligeât à l’accomplissement de ce devoir. Au lieu d’exiger qu’un homme fasse quelqu’exertion ou quelque sacrifice