Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/292

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différente. Que toute l’éducation ou la plus grande partie de l’éducation d’un peuple soit mise aux mains de l’État, je m’efforcerais de m’y opposer autant que qui que ce soit. Tout ce qu’on a dit de l’importance de l’individualité de caractère et de la diversité d’opinions et de manière de vivre, implique l’égale importance de la diversité d’éducation.

Une éducation générale donnée par l’État, n’est autre chose qu’une combinaison pour jeter tous les hommes dans le même moule, et comme le moule dans lequel on les jette est celui qui plaît au pouvoir dominant (que ce soit un monarque, une théocratie, une aristocratie ou la majorité de la génération existante), plus ce pouvoir est efficace et puissant, plus il établit un despotisme sur l’esprit qui tend naturellement à s’étendre sur le corps. Une éducation établie et contrôlée par l’État ne devrait exister, si elle existait, que comme expérience, entourée de concurrences et faite seulement pour les stimuler et les maintenir à un certain degré de perfection ; excepté quand la société, en général, est si arriérée qu’elle ne pourrait pas ou ne voudrait pas se procurer des moyens convenables d’éducation : alors, dis-je, la puissance publique, ayant à choisir entre deux maux, peut suppléer les écoles et les universités, de même qu’elle peut faire l’office des compagnies par actions dans un pays où l’entreprise privée n’existe pas sous une forme qui lui permette