Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à une vie de misère et de dépravation qui réagira de plus d’une triste façon sur tout leur entourage. Quand on compare l’étrange respect de l’espèce humaine pour la liberté avec son étrange manque de respect pour cette même liberté, on pourrait se figurer qu’un homme a le droit indispensable de nuire aux autres et n’a pas le droit de faire ce qui lui plaît et qui ne nuit à personne.

J’ai réservé pour la fin toute une série de questions sur les limites de l’intervention du gouvernement, qui, bien qu’elles se rapprochent fort du sujet de cet essai, n’en font pas partie à strictement parler. Ce sont des cas dans lesquels les raisons contre cette intervention ne portent pas sur le principe de liberté ; la question n’est plus de savoir s’il faut contraindre les actions des individus, mais s’il faut les aider : on se demande si le gouvernement devrait faire ou aider à faire quelque chose pour leur bien, au lieu de leur laisser faire cette chose individuellement ou par voie d’association volontaire.

Les objections faites à l’intervention du gouvernement, quand cette intervention n’implique pas une violation de liberté, peuvent être de trois sortes.

On peut dire d’abord que la chose à faire sera probablement mieux faite par les individus que par le gouvernement. Généralement parlant, il n’y a pas de gens plus capables de conduire une affaire