Et depuis six mois, nous vivons ici, en proie aux remords, (Il embrasse Antoinette.) aux plus affreux remords.
Non, c’est admirable, ils me font des reproches.
Non ! mais pourquoi nous avoir empêchés d’écrire au commandant, après le mariage, de lui tout avouer ?
Pourquoi lui laisser croire que c’est vous qui m’avez épousée ?
Pourquoi ? parce que je connais mon oncle. En apprenant ce qui s’est passé, il aurait tout quitté, il serait arrivé comme une bombe, et alors, vous devinez sa colère : Frontignac à la Bastille, Antoinette au couvent, moi, déshérité, tandis que dans deux ou trois ans quand il reviendra…
Soit, dans deux ou trois ans, mais enfin, quand il reviendra…
Oui ! quand il reviendra ?
Quand il reviendra, nous serons en force pour le recevoir, pour désarmer sa colère et obtenir son pardon… nous serons quatre… ou cinq.
Comment, quatre… ou cinq ?
Mais oui, vous deux… moi… et je l’espère bien… un tout petit ou une toute petite Frontignac, et quand mon oncle arrivera, nous irons tous ensemble au-devant de lui, je l’at-