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LA CRÉOLE

FRONTIGNAC.

Et depuis six mois, nous vivons ici, en proie aux remords, (Il embrasse Antoinette.) aux plus affreux remords.

Même jeu.
RÉNÉ.

Non, c’est admirable, ils me font des reproches.

FRONTIGNAC.

Non ! mais pourquoi nous avoir empêchés d’écrire au commandant, après le mariage, de lui tout avouer ?

ANTOINETTE.

Pourquoi lui laisser croire que c’est vous qui m’avez épousée ?

RÉNÉ.

Pourquoi ? parce que je connais mon oncle. En apprenant ce qui s’est passé, il aurait tout quitté, il serait arrivé comme une bombe, et alors, vous devinez sa colère : Frontignac à la Bastille, Antoinette au couvent, moi, déshérité, tandis que dans deux ou trois ans quand il reviendra…

FRONTIGNAC.

Soit, dans deux ou trois ans, mais enfin, quand il reviendra…

ANTOINETTE.

Oui ! quand il reviendra ?

RÉNÉ.

Quand il reviendra, nous serons en force pour le recevoir, pour désarmer sa colère et obtenir son pardon… nous serons quatre… ou cinq.

FRONTIGNAC.

Comment, quatre… ou cinq ?

RÉNÉ.

Mais oui, vous deux… moi… et je l’espère bien… un tout petit ou une toute petite Frontignac, et quand mon oncle arrivera, nous irons tous ensemble au-devant de lui, je l’at-