Page:Millevoye - Œuvres complètes de Millevoye, I, 1837, éd. Pongerville.djvu/174

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Établit avec lui sa cour.
J’ai vu l’amant et son amie,
Dans leurs yeux portant le bonheur.
Je les ai vus d’un œil d’envie,
Et me suis dit au fond du cœur :
Ah ! dans ce bois, aimable Laure,
Que ne puis-je avec toi rêver !
Je ne voudrais m’y retrouver
Qu’afin de m’y reperdre encore.




PLAISIR ET PEINE.




En même temps Plaisir et Peine
Naquirent au divin séjour :
De Cythère l’aimable reine
À ces jumeaux donna le jour.
Le dieu qui lance le tonnerre
Leur départit des attributs :
Il donna des ailes au frère ;
Pour la sœur il n’en resta plus.

« Qui me conduira sur la terre,
Dit-elle au monarque des dieux,
Moi, qui ne puis, comme mon frère,
Franchir l’espace radieux ? »
Il répond : « Bannis tes alarmes,
Descends sur l’aile du Plaisir ;
Les blessures que font tes armes,
Il prendra soin de les guérir. »

Voilà donc que Peine et son frère
Viennent nous imposer des lois ;