Page:Millevoye - Goffin, 1812.djvu/6

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Tous, à ces derniers mots, tombent anéantis ;
Ils allaient périr tous !.... L’un d’eux était mon fils.

« Ensevelis vivans dans l’ombre sépulcrale,
Il leur semblait encor revoir par intervalle
Le toit qu’ils délaissaient au retour éclatant
De l’astre qui pour eux ne brillait qu’un instant,
Les bois accoutumés, le fleuve, la montagne,
Et le vallon paisible où souvent leur compagne,
Le soir, en répétant quelque refrain joyeux,
Son enfant sur son sein, venait au-devant d’eux.
 
« Mais Goffin vit encore ; et sa persévérance
À tant d’infortunés tiendra lieu d’espérance.
Prodigue de secours et de soins consolants,
Il cherche à ranimer ses compagnons tremblants,
Implore tour-à-tour le frère pour le frère,
Le père pour son fils, et le fils pour son père,
Promet de les ravir à l’abîme profond....
Aucun d’eux ne se lève, aucun d’eux ne répond.
« Eh bien, s’écria-t-il, lâches ! je vous pardonne.
« Viens, mon fils, travaillons pour qui nous abandonne :
« Ils sont tous des enfans ; sois homme pour eux tous, »
Il s’arme, et les rochers ont mugi de ses coups.