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SÉJOUR A BONNEVILLE 1854-18^7

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Paul à sœur.

Chère Alix. — Je suis bien isolé a alunce. Laure Montai est allée rejoindre son frère à Cette... J’étudie la v/- phrénologie avec rage. Le livre que maman m’a acheté a été écrit par un phalanstérien. (1) Le docteur Marquet m’a donné un crâne sur lequel j’étudie ; c’est un crâne de brigand, à ce qu’il me semble. — A Vienne, la famille Hugerot nous a fait un très bon accueil : ils ont tous quelque chose de sympathique, il me semble les avoir connus dans le monde aromal.

à

Au milieu des plus graves chagrins et des soucis d’affaires, madame Milliet n’oubliait pas ses pauvres abandonnés ; elle pensait à tout et faisait mille recommandations à sa fille. — Fleurigny. 22 septembre.

1 - Je pense, ma chère enfant, que tu as bien soin de ce bon petit père et de ton Paulo, que tu veilles à ce qu’il CaG ne se mouille pas les pieds, et que tu fais la petite mère avec ton Lili. Je vois que je vais trouver un vrai lutin. Ton père ne m’a pas parlé du fameux cheval blanc (une enseigne qu’un aubergiste lui avait demandée). . » H Adieu, ma bonne petite fille, embrasse bien tes deux enfants pour moi. Ta petite mère qui t’aime. L’année suivante, madame Milliet conduisit ses trois aînés à Fleurigny et ramena la petite Jeanne. Puis il lui fallut repartir pour Valence, afin de vendre une propriété. Madame Milliet à son mari.

Saint-Flour. 15 avril 1856.

Vous avez l’air de croire que nous sommes ici à nous prélasser et à faire des visites. Détrompez-vous. Nous sommes installés à Saint-Flour. où nous avons un mal de chien du matin au soir. Ton tilleul et Louison ont travaillé toute la journée pour transporter dans la cour le mobilier, et demain, s’il fait beau, la vente se fera dehors. Je ne t’ai pas remercié de ton aimable lettre ; quand je t’ai répondu, j’étais bien maussade. Ce qui m’exaspère, c’est ta race de Dauphinois et de bedeaux, qui sont bien l’engeance la plus retorse, la plus grippe-sous C‘ ‘ qu’il y ait au monde. Saint-Flour est envié par tous les gros marchands de biens du pays. Heureusement ils se détestent di’ - •e-‘“ entre eux et une alliance n’est guère à craindre. Ils viennent m’offrir des prix dérisoires. Madame Milliet dut faire la même année un second voyage à Valence. ... Nous sommes arrivés à Lyon à huit heures du matin : en sortant du wagon, on monte dans un omnibus qui conduit au bateau à vapeur, et nous sommes arrivés à Valence à trois heures. Les Montai nous attendaient sur le pont... M. et Madame Canot, nos acheteurs, ont diné hier chez Montai et nous allons diner dimanche che^ eux à Saint-Flour. Il parait que la maison est admirablement tenue. M. Canot y a fait d’importantes réparations, il travaille à tout, même à tes tableaux...

Les enfants vont bien. Quoiqu’ils s’amusent, ils soupirent presque autant que moi après le jour qui nous réunira, et moi. mon chéri, je suis comme un corps sans âme. Je voudrais bien retrouver cette âme. elle est a

^2. Bonneville, n’est-ce pas ? A bientôt.

L’exilé ne négligeait pas une occasion d’offrir à madame Milliet d^ nouveaux vers. En 1853 jy’ il avait écrit pour l’anniversaire de leur mariage :


A Louise

Ange qui m'as suivi sur la terre étrangère,
Qui dans les temps mauvais te montres tour à tour
Ferme comme la Foi, tendre comme une mère,
À toi mes vœux fervents, à toi tout mon amour.


Une autre année il composa ce rondeau :

Le mois d’Avril est le mois des amours :

Les vieux Romains le vouaient a Cythère.

Et. de tous ceux que le temps en son cours

Vient arracher au livre de nos jours,

f y C’est encore lui que tout haut je préfère.

1 Aux nudités de la nature austère

1 Qui vient jeter un manteau de velours.

Et la parer de verdoyants atours r

Le mois d’Avril.

(1) La psychologie de Fourier est une des parties les plus remarquables de son système.

GoOgle