Quand vos filles et vos femmes
S'épanouissent au bal,
Les nôtres, les pauvres âmes,
Tremblent d'un frisson fatal.
O vous qui dansez, légères,
Aux sons d'accords enivrants,
Savez-vous ce qu'à leurs mères
Disent nos petits enfants :
Du pain, du pain, etc.
Près des palais, la misère
A planté son étendard ;
Riches, des biens de la terre,
Chacun doit avoir sa part.
Modernes Sardanapales,
Que direz-vous, lorsqu'enfin
Surgiront nos faces pâles,
Au beau milieu du festin.[1]
Il sera trop tard, mes princes,
Pour faire de beaux discours ;
Quand leurs ventres sont trop minces,
Les hommes deviennent sourds.
Du pain, du pain !
Voilà le refrain
Que chante la faim,
Vive le pain !
Cependant le jeune poète rempli d’espoir prédit un avenir meilleur :
CHANTONS 1
Air : A l’automne de la vie. |
[...]
Pour l'artisan, jeune fille,
Vois comme le ciel est beau !
Allons, quitte ton aiguille
Et mets ton petit chapeau ;
Clos ta fenêtre entr'ouverte,
Viens sur la pelouse verte
Où tourbillonne le bal ;
De l'orchestre bruyant entends-tu le signal ?
C'est la danse
Qui commence
Ses joyeux festons ;
Pour mieux suivre la cadence,
Chantons, chantons,
Ma charmante, chantons.
Que fais-tu là dans la rue,
Jeune femme au teint fardé.
Montrant ton épaule nue
À ce passant attardé ?
Ah ! c'est la faim qui te presse,
Et tu mets de ta jeunesse
Tous les trésors à l'encan ;
La prostitution te rive à son carcan !
Vierge folle,
Dieu console,
Il a des pardons.
Souffrance est une auréole.
Chantons, chantons,
Pauvre femme, chantons,[2]