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LA NUIT DE NOËL DE 1922
DE L’ADEPTE

L’ADEPTE

Faisons, — sept fois pour le passé, et pour nos trois jours à venir, trois fois — le signe, le signe ! le signe nourrissant, désaltérant, rafraîchissant, — nos mains, nos fronts, nos cœurs, — le signe vainqueur, le signe vainqueur de la Croix. Et vous, Béatrix, paix à vous, reposez-vous ! Faites silence dans ce corps, le mien, terrestre demeure. Car vous remuez trop, car vous faites un bruit comme de pas dans ma tête et dans mon cœur. Ô sept années déshéritées ! Ma robe de patience m’a quitté lambeau par lambeau.


BÉATRIX

Tu dis vrai, maître. Oui, c’est bien la septième année de l’œuvre candide et secret. Sept années, maître ! Mais, cette nuit, ils vont naître d’une miraculeuse et semblable merci, l’un à Bethléem, l’autre ici.


L’ADEPTE

Les parents dorment là, tendres métaux époux, dans cet œuf appuyé sur le feu nuptial. Qu’ils sont beaux, innocents !


BÉATRIX

Tu les vois donc ? Comment ? Dans cet œuf hermétique ? Avec quels yeux ?