Page:Milosz - Poèmes, 1929.djvu/32

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Oui, vivre est presque aussi doux que dormir…
Poisons tièdes pris à petites doses
Et poèmes pleins de charmants symboles.

Ô passé ! pourquoi fallut-il mourir ?
Ô présent ! pourquoi ces heures moroses,
Bouffon qui prends au sérieux ton rôle !
 
— L’année était du temps des souvenirs,
Le mois était de la lune des roses,
Les cœurs étaient de ceux qu’un rien console.

Mais tôt ou tard cela devait finir
De la très vieille fin de toutes choses
Et ce n’est ni triste, vraiment, ni drôle.

Des os vont jaunir d’abord, puis verdir
Dans le froid moisi des ténèbres closes,
— Fin des actes et fin des paraboles.

Et le reste ne vaut pas une obole.