Page:Milosz - Poèmes, 1929.djvu/96

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Ces métaphores que le langage aujourd’hui encore nous impose dès que nous interrogeons le mystère de notre esprit,

Sont des vestiges du langage pur des temps de fidélité et de connaissance.

Les poètes de Dieu voyaient le monde des archétypes et le décrivaient pieusement par le moyen des termes précis et lumineux du langage de la connaissance.

Le déclin de la foi se manifeste dans le monde de la science et de l’art par un obscurcissement du langage.

Les poètes de la nature chantent la beauté imparfaite du monde sensible selon l’ancien mode sacré.

Toutefois, frappés de la discordance secrète entre le mode d’expression et le sujet,

Et impuissants à s’élever jusqu’au lieu seul situé, j’entends Pathmos, terre de la vision des archétypes,

Ils ont imaginé, dans la nuit de leur ignorance, un monde intermédiaire, flottant et stérile, le monde des symboles.

Tous les mots dont l’assemblage magique a formé ce chant sont des noms de substances visibles

Que l’auteur, par la grâce de l’Amour, a contemplées dans les deux mondes de la béatitude et de la désolation.

Je ne m’adresse qu’aux esprits qui ont reconnu la prière comme le premier entre tous les devoirs de l’homme.

Les plus hautes vertus, la charité, la chasteté, le sacrifice, la science, l’amour même du Père,

Ne seront comptées qu’aux esprits qui, de leur propre mouvement, ont reconnu la nécessité absolue de l’humiliation dans la prière.

Toutefois, je ne dirai de l’arcane du langage que ce que