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LE PARADIS PERDU



I


La première désobéissance de l’homme et le fruit de cet arbre défendu, dont le mortel goût apporta la mort dans le monde, et tous nos malheurs avec la perte d’Éden, jusqu’à ce qu’un homme plus grand nous rétablit et reconquît le séjour bienheureux, chante. Muse céleste ! Sur le sommet sacré d’Oreb et de Sinaï tu inspireras le berger qui le premier apprit à la race choisie comment, dans le commencement, le ciel et la terre sortirent du chaos. Ou si la colline de Sion, le ruisseau de Siloë qui coulait rapidement près l’oracle de Dieu, te plaisent davantage, là, j’invoque ton aide pour mon chant aventureux : ce n’est pas d’un vol tempéré qu’il veut prendre l’essor au-dessus des monts d’Aonie, tandis qu’il poursuit des choses qui n’ont encore été tentées ni en prose ni en vers.

Et toi, ô Esprit, qui préfères à tous les temples un cœur droit et pur, instruis-moi, car tu sais ! Toi au premier instant tu étais présent : avec tes puissantes ailes éployées, comme une colombe tu couvas l’immense abîme et tu le