« Vous êtes bien obligeant, me dit-elle, mais je ne sais si j’y dois consentir, je suis extrêmement paresseuse et je fais ma toilette tard, et vous me verriez trop à mon désavantage. »
« Ah ! madame, quand on doit tout à la nature, c’est l’art seul qui peut nuire, et je ne vous trouverai que trop charmante dans l’heureux désordre du matin. »
« Vous croyez ?… Moi j’en doute et j’exige pour prix de ma complaisance que vous me disiez, sans déguisement, si je perds beaucoup à me laisser sans parure : venez sur les dix heures, mes lettres seront prêtes. »
» Un coup d’œil d’intelligence dont elle accompagna ce propos remplit mon cœur de l’espoir le plus doux. Le lendemain, ponctuel au rendez-vous, j’arrive, je m’adresse à Marton, sa suivante, pour être introduit.
« Madame, me dit-elle, n’a pas dormi de la nuit, elle a eu une migraine affreuse, elle est encore couchée. »
« Dieux, m’écriai-je, encore couchée, une migraine, quel contre-temps, je m’étais flatté du bonheur de la voir. »
« Elle s’en flattait aussi. »
« Et il faut que je me retire… »
« Je ne dis pas cela ; si vous voulez monter, vous êtes le maître, mais ne faites pas de bruit, parlez bas de peur d’ébranler sa tête. »
» Alors elle sort, je la suis et je monte sur la pointe du pied ; elle ouvre la chambre de sa maîtresse, m’introduit, se retire et emporte la clef. À la faible clarté que laissaient pénétrer les