s’avança pour nous offrir les secours qui dépendaient de lui : nous nous trouvâmes heureux de leur zèle obligeant ; leur domestique conduisit au château notre cabriolet délabré, et nous, nous nous joignîmes au couple Cornucio dans leur promenade : la dame s’empara du bras du feint abbé et le mari saisit le mien ; à mesure que nous approchions du château, leurs yeux s’animaient, leurs coudes pressaient nos bras sur leurs cœurs ; leurs voix devenaient agitées et leurs discours flatteurs. Arrivés au castel on s’occupa de nous loger ; ils n’avaient que deux petites chambres à nous donner, l’une attenant à la chambre de madame, l’autre à celle de monsieur ; il paraissait tout naturel de loger l’abbé près de celle du mari et la prétendue demoiselle près de la dame, mais d’un commun accord ils en décidèrent autrement, comptant chacun tirer parti du voisinage. J’aurais pu, en changeant le soir de chambre avec Faustine, contenter tout le monde et cacher le mystère de mon travestissement ; mais l’idée qu’elle serait dans les bras de ce vieux satyre me révoltait trop ; j’aimai mieux attendre l’événement et prendre conseil des circonstances. Cornucio et sa femme nous accablèrent de prévenances toute la soirée, et après le souper qui fut arrosé de très bon vin, ils nous menèrent dans nos chambres.
— Soyez bien sage, mon cher petit abbé, dit la dame en embrassant Faustine, il n’y a qu’une mince cloison entre votre lit et le mien, j’entendrai tout ; et puis, lui dit-elle à l’oreille, la porte qui nous sépare ne ferme pas.
Le mari me fit les mêmes confidences, et